1848 : « printemps des peuples » en Europe apparition des premiers cercles de la Libre-Pensée

2008 : 160e anniversaire de la Libre Pensée organisée

22-23-24 mars 2008 colloque international sous l’égide de l’IRELP

Il y a 160 ans, dans les premiers mois de l’année 1848, une vague révolutionnaire sans précédent parcourt les principales villes des différents Etats d’Europe. Les campagnes rejoignent ou précédent les insurrections urbaines. Ouvriers, étudiants, intellectuels, paysans (et, parfois, bourgeois) combattent ensemble contre la noblesse, le clergé et la bourgeoisie.

En quelques semaines, l’ordre qui avait été établi en 1815 et qui avait pour ambition d’empêcher le retour à la Révolution de 1789-1794 est balayé.

Depuis Palerme, dès le 12 janvier 1848 puis à Naples et dans le reste de l’Italie, à Paris en février, avec les barricades, à partir du 22 et ensuite dans l’ensemble du pays, en Hongrie en mars, à Vienne et à Berlin le même mois, en Angleterre avec la grande manifestation chartiste du 10 avril 1848 à Kensington, en Irlande avec la révolte de l’été, les peuples se révoltaient.

Les peuples n’acceptaient pas.

Les peuples n’acceptent pas.

Contre quoi les peuples se révoltaient-ils ?

Les peuples révoltés brisaient le traité européen formé par la Sainte-Alliance contre-révolutionnaire qui, depuis 1815, avait multiplié les interventions militaires et défendu les monarchies autocratiques.

Le Ministre autrichien Metternich, le principal artisan de cette politique, quittait Vienne, chassé par la révolution en mars 1848, caché dans une voiture de blanchisseuse.

Le pacte de Sainte-Alliance avait été fondé sur « les préceptes de la justice, de la charité chrétienne, de la paix ». Si le Pape ne l’avait pas signé, c’est pour ne pas se commettre avec les monarques, dont certains étaient considérés hérétiques.

Autres temps, autres mœurs, mais même combat contre les peuples : en 2007, le Pape bénit l’Union Européenne, accueille le futur catholique Tony Blair et se prépare à venir en France.

Que disait le Traité de la Sainte-Alliance, signé par l'empereur d'Autriche, le roi de Prusse et l'empereur de Russie à Paris, le 26 septembre 1815 ? « Conformément aux paroles des Saintes Ecritures qui ordonnent à tous les hommes de se regarder comme frères; les trois monarques contractants demeureront unis par les liens d'une fraternité véritable et indissoluble, et se considérant comme compatriotes ils se prêteront en toute occasion et en tout lieu, assistance, aide et secours. Se regardant envers leurs sujets et leurs armées comme pères de famille, ils les dirigeront dans le même esprit de fraternité dont ils sont animés pour protéger la religion, la paix et la justice ». Alliance contre-révolutionnaire des gouvernements contre les peuples au nom de la paix et de la religion. Cela rappelle quelque chose. C’est la même plume, c’est la même encre bénie.

Le récent traité européen négocié dans des conditions et dans des termes obscurs, bricolé nuitamment, reprend le traité de Maastricht (1992). Ce dernier soulignait «Une politique étrangère et de sécurité commune, y compris la définition à terme d'une politique de défense commune qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune, renforçant ainsi l'identité de l'Europe et son indépendance afin de promouvoir la paix, la sécurité et le progrès en Europe et dans le monde». Depuis Brecht, on sait que les déclarations de paix sont les testaments des hommes.

La religion revendiquée hautement dans le Traité de la Sainte-Alliance se retrouve aussi dans le TCE, en un mode mineur. Personne, et surtout pas les libre-penseurs, n’a oublié que les premiers mots du TCE affirmaient comme fondement de l’Union européenne l’existence « des héritages …religieux». Assurément l’héritage de la Sainte-Alliance… On voudrait nous revendre, sous un autre nom, le TCE contre lequel la Libre pensée appelait à voter, avec les démocrates de ce pays, avec la majorité du peuple de ce pays.

Le Président Sarkozy et le Ministre Kouchner essayent de faire rendre gorge aux peuples, notamment au peuple français pour son vote majoritaire contre le TCE le 25 mars 2005. Metternich affirmait dans ses Mémoires « il n’existe en Europe qu’une seule affaire, c’est la Révolution ».

Voilà pourquoi la Sainte-Alliance était anagrammiquement qualifiée dans les sociétés secrètes républicaines du révolutionnaire international Buonarroti «la Sainte Canaille». En 1943, le clérical Jean Monnet, fondateur de l’Europe politique, considérait que « sa première fonction était de trouver un accord susceptible d’éviter une révolution ». Même peur, mêmes remèdes, même tradition. « Héritage religieux », sans doute ?.

Pour quoi les peuples se révoltaient-ils?

Ils combattaient pour le suffrage universel .

Ils combattaient pour les libertés démocratiques.

Ils combattaient pour le droit au travail, qui n’est pas le droit au RMI.

Ils combattaient pour la République dont le libre-penseur Blanqui, combattant de 1848, écrivait « La République serait un mensonge, si elle ne devait être que la substitution d’une forme de gouvernement à une autre. Il ne suffit pas de changer les mots : il faut changer les choses. La République, c’est l’émancipation des ouvriers ; c’est la fin du régime de l’exploitation ».

Ils combattaient pour l’unité nationale de leur pays, comme le libre-penseur Garibaldi qui défendait Rome contre le Pape et l’armée française en juin 1849.

Ils combattaient avec Kossuth, Robert Blum, fusillé, et Petofi, assassiné, pour la liberté des peuples et leurs noms sont devenus des symboles et des drapeaux, dans leurs pays respectifs et bien au-delà.

Ils combattaient avec Baudelaire, Bakounine, Proudhon, et tant d’autres. Ils combattaient pour abolir l’esclavage, avec le libre-penseur Schoelcher.

Ils combattaient avec Marx et Engels qui venaient de rédiger le Manifeste du Parti Communiste dans lequel on lisait « le socialisme chrétien n’est que d el’eau bénite avec laquelle le prêtre consacre la rancune des aristocrates ».

Puis… Dès juin 1848, en France, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Italie, en Angleterre, en Irlande, la bourgeoisie effrayée par la Révolution sociale fit appel aux nobles, au Pape, aux rois, aux princes, aux armées pour écraser dans le sang les espoirs démocratiques. Mais les peuples ont continué et continuent à combattre. Les traités des gouvernants coalisés sont une chose. Les espoirs et les combats des peuples unis en sont une autre, aux antipodes des premiers.

1848 : la Libre Pensée

En 1848, les premiers cercles de Libre-pensée voyaient le jour. Oui, il y a 160 ans, en même temps que le « Printemps des peuples », la Libre-pensée comme forme organisée apparaissait. La société démocratique des libres penseurs est annoncée dans la presse républicaine le 21 mars 1848 ; son président est le jeune républicain Jules Simon ; un de ses animateurs est Jules Barni qui, en exil sous le Second Empire, écrira Les martyrs de la Libre Pensée. A la même époque, le futur grand médecin et républicain Paul Broca participe à la fondation de la Société des libres penseurs. Le libre-penseur Victor Hugo commençait l’évolution politique qui allait l’amener à proclamer « l’Etat chez lui, l’Eglise chez elle » dans son célèbre discours anti-clérical contre la loi Falloux. Dans quelques semaines, il va écrire « « Républicains ouvrez vos rangs ! je suis des vôtres »

En 1868, avec d’autres illustres personnages, comme Sainte-Beuve et Renan, il participe au premier banquet du vendredi dit « saint » contre les interdits alimentaires au nom de la religion. Il inaugure ainsi une tradition que, année après année, la Libre-pensée va poursuivre, malgré les vicissitudes

. Peu à peu, la Libre-pensée va s’organiser, comme société d’éducation populaire, où se retrouvent partisans de la Première Internationale, franc-maçons et radicaux.

2008 est le 160e anniversaire du « Printemps des Peuples »

2008 est le 160e anniversaire des premiers cercles de la Libre-Pensée

2008 est le 140e anniversaire du premier banquet libre-penseur.

Les 22, 23, 24 mars se tient à Paris, organisé par l’IRELP avec des organisations amies de différents pays, un colloque international sur le thème général « 1848-2008 »

. Il est précédé par le banquet de plusieurs centaines de convives le vendredi 21 mars au soir en hommage au 140e anniversaire du premier banquet du vendredi dit « saint ».

Pour toutes ces raisons, le Congrès de la Fédération nationale de la Libre-pensée réuni à Clermont-Ferrand les 10, 11,12 juillet 2007 appelle les libre-penseurs à faire de ce colloque et de ce banquet un succès historique.

Motion adoptée à l’unanimité

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