Congrès Fédération Nationale Libre Pensée

22 au 24 août 2011 -Foix-09

Voeux et motions du congrès 2011

 

Voeux et motions adoptés par le congrès.

MOTION 1

Jusqu'au décret du 20 septembre 1792, les registres des baptêmes, mariages et décès étaient tenus par les prêtres des confessions acceptées. Par ce décret, l'Assemblée Législative a complété et réorganisé l'état civil, qui a été confié aux Communes. Depuis, ce sont les Communes, base de la démocratie républicaine révolutionnaire, qui enregistrent les faits et évènements que constituent, les naissances, les adoptions, les mariages civils, les divorces et les décès.

Ainsi, les citoyens et les familles ont pu s'affranchir, en partie, des Eglises.

Ainsi, un pas considérable a été effectué vers la laïcité de l'Etat.

La laïcité institutionnelle, aboutissement des combats séculaires contre l'obscurantisme, principalement religieux, est la réponse adoptée par la République, Une et Indivisible, avec la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905, afin de libérer les citoyens et les institutions publiques, de la tutelle cléricale.

La Libre Pensée organisée est à l'origine de l'instauration de cette liberté fondamentale : la liberté de conscience . Celle-ci, est la liberté de croire, en ce que l'on veut, la liberté de changer de religion et la liberté de ne pas croire ; elle est indispensable à l'instauration d'une authentique République démocratique, car «  la laïcité est la forme, historiquement datable, de la liberté de pensée  ».

C'est pourquoi, depuis plusieurs années, la Libre Pensée, seule, ou alliée à d'autres associations laïques et démocratiques, s'est engagée dans le combat pour obtention de salles municipales gratuites pour les obsèques civiles , en dehors et en plus, des 142 crématoriums (dont 5 en DOM-TOM).

Cette campagne, d'une part, est pour chaque Commune acquise à cette liberté, la possibilité, pour tout citoyen, de faire respecter sa liberté de conscience et, d'autre part, c'est un point d'appui, afin que la loi résolve complètement cette question, par l'adjonction d'un alinea spécifique à l'article L 2223-19 du CGCT.

Cette entreprise, n'est pas l'affaire de quelques uns, c'est l'affaire de tous les libres penseurs, de tous les militants de la laïcité institutionnelle, de tous les partisans de la liberté de conscience.

En poursuivant et en généralisant cette action, non seulement nous arracherons une part importante du « domaine de la mort » qu'entendent conserver les Eglises, mais aussi et surtout, nous étendrons, de la naissance à l'ultime cérémonie la liberté de respecter la conscience de tout individu.

De la Révolution française, nous avons retenu que «  le premier droit est celui d'exister  » ; aujourd'hui, par cette revendication, conservons et efforçons-nous, «  d'assurer, partout, pour tous et dans tous les moments  », de la naissance jusqu'à l'état de cadavre, la première liberté, qu'est la liberté de conscience.

Unanimité

 

MOTION 2

La Libre pensée s'était déjà prononcée pour la suppression du Comité national d'éthique en France, il y a quelques années, car ce type de structure ne peut être que communautariste.

Le congrès national de la LP dénonce l'existence du Comité d'éthique européen qui ne peut être que sous l'influence vaticane des institutions européennes.

 

Unanimité

 

MOTION 3

 

DEFENSE DE LA LANGUE FRANCAISE

 

 Le peuple français, par son histoire, a formé une langue commune, qui n'est ni supérieure ni inférieure aux autres langues et qui est une garantie de l‘égalité des citoyens et de l'unité de la nation.

Sans remonter à l'Edit de Villers-Cotterêts (1539 ; la langue française contre le latin «  langue des clercs  » ni aux textes de la Révolution loi du 2 thermidor an II), la langue du peuple français est sa propriété.

Or, ce droit historique est battu en brèche de toutes les manières, souvent ouvertes, souvent sournoises. La langue est un instrument de communication essentielle à un peuple et un moment de l'histoire des peuples. Vouloir laminer le français, comme langue véhiculaire et culturelle, est le produit d'un double mouvement réactionnaire qui fonctionne comme une paire de ciseaux. Imposer l'anglais de communication internationale (anglais dégradé), c'est la mondialisation et promouvoir les langues régionales, c'est la revendication régionaliste.

C'est le retour au Saint-Empire Romain Germanique que la Fondation Charlemagne regarde comme un modèle de la construction de l'Union européenne: l'anglais pour les élites (le latin), et les langues régionales et /ou les patois pour le bas peuple. Et ce, afin de mettre toujours le peuple sous le boisseau de l'oppression, de l'exploitation et de l'obscurantisme. Comme disait P. J. Héliaz : «  Avec le patois, on est attaché comme une chèvre à son piquet  ».

La Libre Pensée est attachée à la défense de la République, une et indivisible, forme garantissant les acquis démocratiques et sociaux. Internationaliste, elle affirme son soutien à toutes les formes de défense des Etats-nations, quels qu'ils soient.

L'internationalisme n'est pas la négation des nations, ni le supranationalisme, véhiculé – entre autres - par l'Union européenne (inspirée par la Doctrine sociale de l'Eglise). Il est la conjonction de l'union des nations librement consentie. L'internationalisme est l'expression revendiquée de la République universelle des travailleurs et des peuples.

Nous ne considérons pas que la France soit « la Grande Nation, à vaincre accoutumée  », formule bonapartiste et expansionniste qui a servi à toutes les guerres coloniales, passées, à celles présentes ou futures ; toutes guerres et volontés expansionnistes que nous condamnons.

Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sous les formes que seuls les peuples peuvent souverainement décider, est un droit imprescriptible.

Cela s'appelle la «  Fraternité des peuples  ». La Libre- Pensée soutient inconditionnellement ce droit. Ce qui est valable pour les uns est valable pour tous.

Pour la Libre Pensée, défendre la langue française n'est pas affaire de nationalisme. Cette défense des Etats-Nations s'inscrit dans la lutte pour préserver l'ensemble des acquis de civilisations, culturels, linguistiques, historiques, économiques et sociaux. La démocratie, la République, la laïcité ont un contenu international dans leurs aspirations et une forme nationale dans leurs expressions.

A l'heure, où les gouvernements successifs de la Vème République n'ont eu de cesse de détruire l'enseignement public, facteur d'instruction pour les enfants du peuple ; l'offensive contre la langue française n'est que la forme de l'offensive contre l'enseignement des savoirs, des sciences et de la culture.

Pour toutes ces raisons, le Congrès de la Libre Pensée, réuni à Foix, affirme son soutien à la défense et à la promotion de la langue française.  Il appelle les libres penseurs à œuvre en ce sens, sous toutes les formes possibles ».

 

Majorité, 1 contre, 7 abstentions

 

MOTION 4

 

Pour la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple

 

Le congrès national de la Libre Pensée réuni à Foix enregistre avec satisfaction l'ampleur de la mobilisation autour de la réhabilitation des fusillés pour l'exemple de la guerre de 1914-1918. Sans considérer que cette mobilisation lui doit tout, la Libre Pensée n'en revendique pas moins la part importante, sinon décisive, qu'elle y a prise, notamment en recherchant un large accord avec d'autres organisations, voire des municipalités et des conseils généraux, pour tenir de puissants rassemblements pacifistes, en nombre croissant, dans de nombreuses localités autour du 11 novembre 2011 et en faisant connaître cette revendication devant les autorités successives.

 

On a pu constater ici et là, en dehors de cette date-pivot du 11 novembre, une diversité des approches du problème (par ex : inscriptions de fusillés sur des monuments aux morts à l'initiative de diverses personnalités, stèles commémoratives etc.). On doit cependant noter que les conseils généraux l'abordent tous de la même façon, et qu'à l'heure où nous sommes, ce sont 11 conseils généraux qui demandent, souvent à l'unanimité, que l'Etat procède enfin à la réhabilitation

 

Cette demande est maintenant incontournable et elle se fait sur la ligne de la réhabilitation globale de tous les fusillés et non du pardon. Les organismes élus de la République partagent désormais avec l'immense majorité des citoyennes et citoyens de ce pays, l'idée qu'au regard du gigantesque guet-apens contre les peuples que fut la guerre de 14-18 et dans l'infernale fournaise de ses pilonnages de masse par des obus de tous calibres, meurtriers et mutilants, les écarts de conduite éventuels de tel ou tel poilu ayant été invoqués pour une petite minorité de fusillés pour l'exemple sont avec le recul devenus par comparaison en quelque sorte des vétilles, que le temps a depuis longtemps effacées. Les libres penseurs sont eux-mêmes persuadés – et, avec eux, beaucoup le sont aussi- que les considérations relatives au « droit commun » n'avaient plus de sens dans le contexte de la Grande Boucherie qui était dans son ensemble absolument contraire au « sens commun » et qu'en conséquence la réhabilitation ne pouvait être que générale.

 

C'est pourquoi, le congrès de la Libre Pensée de Foix renouvelle solennellement sa demande d'une réhabilitation globale effective . Lors de l'entrevue que les organisations : Libre Pensée, Associations républicaine des Anciens Combattants, Union pacifiste, Ligue des droits de l'homme, Mouvement de la paix, ont eue avec un représentant du ministère concerné, Marc Blondel a clairement défini la position de toutes les organisations mobilisées sur ce sujet : que le chef de l'Etat prononce une parole définitive de RÉHABILITATION pour tous les fusillés pour l'exemple.

 

C'est le préalable capital sans lequel rien n'est possible dans le sens voulu par tous. Que l'on commence par dire au plus haut niveau de l'Etat que tous les poilus fusillés pour l'exemple sont moralement réhabilités. Avec une telle déclaration c'est la générosité dont a été capable une certaine tradition républicaine de la France qui s'exprimerait enfin et ainsi, dans l'honneur, la nation rassemblerait ses enfants morts dans les conditions les plus traumatisantes qui soient pour tous. Si, par la suite, cette réhabilitation ayant été proclamée, des historiens veulent approfondir la connaissance qu'ils voudraient avoir sur tel ou tel cas particulier, il va de soi que la recherche - qui se doit d'être entièrement libre - aurait tout loisir d'être menée à bien.

 

Mais le point de départ obligé, c'est la réhabilitation collective et c'est ce que le congrès de Foix invite toutes ses fédérations à revendiquer à l'occasion du prochain 11 novembre, ce jour lui-même ou un jour proche, selon les circonstances locales, en réalisant avec nos partenaires habituels et si possible d'autres, des rassemblements encore plus puissants que ceux des années précédentes.

Le mot d'ordre qui doit retentir dans tout le pays, répercuté et amplifié par tous les relais possibles (médias) que nous solliciterons, afin que nul n'en ignore, sera :

 

RÉHABILITATION DES FUSILLÉS POUR L'EXEMPLE DE LA GUERRE DE 1914-1918

Il est plus que temps :

Ni en 2014, ni en 2017

Tout de suite et maintenant !

 

Unanimité

 

MOTION 5

 

Pour un retour au respect des libertés individuelles et de la laïcité en matière de crémation.

 

La Libre pensée considère que la loi du 19 décembre 2008 sur les opérations funéraires comportent des reculs inacceptables par rapport à la loi fondamentale du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles et à la loi du 28 décembre 1904 de laïcisation des obsèques.

En effet :

•  la loi permet de contourner l'obligation faite de respecter la volonté du défunt en lui substituant celles de la « personne habilitée à pourvoir aux funérailles », ce qui peut ouvrir la voie à toutes les manipulations contre la liberté de conscience.

•  La loi refuse la libre disposition de cendres, en invoquant de façon fallacieuse la « dignité humaine » qui couvre ainsi une conception cléricale des restes mortuaires.

•  La loi prévoit que les cendres peuvent être entreposées dans des lieux de culte ce qui constitue un retour au cimetière religieux.

En conséquence, la Libre pensée décide d'engager aux côtés des crématistes, une campagne nationale pour l'abrogation de ces dispositions anti laïques.

 

Unanimité

 

 

 

MOTION 6

 

POUR LA LIBERTE DE CHOISIR SA FIN DE VIE

Alors qu'aucune des familles des quatre patients incurables concernés n'a déposé plainte, en l'état actuel du droit français, le docteur Bonnemaison de Bayonne est pourtant poursuivi et accusé pour avoir mis délibérément fin à leur vie, en l'absence de cadre juridique approprié. La Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP) lui apporte son soutien et constate à nouveau que le vote d'une loi sur le droit de mourir dans la dignité devient urgent.

La FNLP constate que la loi française du 22 avril 2005 dite Léonetti, que l'intéressé considère comme «  la meilleure du monde  », entraîne des drames de la fin de vie auxquels sont confrontés, dans la solitude, les familles, les médecins et les autres personnels soignants. Elle regrette que le Sénat ait refusé de voter, en janvier 2011, en faveur de la proposition de loi relative à l'assistance médicalisée à mourir présentée par la commission des affaires sociales de cette assemblée.

Avoir le droit de choisir sa fin de vie est, en effet, une liberté élémentaire qui reste à conquérir, 94 % des Français y étant favorables selon les derniers sondages. La République doit adopter un texte comparable à ceux déjà en vigueur dans l'Oregon, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Belgique. Cela n'est pas contraire au droit de bénéficier de soins palliatifs que la France n'est d'ailleurs pas en mesure d'offrir puisque 10 à 15 % seulement des malades y accèdent (rapport de l'Inspection générale des affaires sociales 2010).

La Libre Pensée se prononce donc pour le vote d'une loi relative à l'assistance à mourir qui encadrerait le choix de la fin de vie. Aucune considération philosophique et/ou religieuse ne doit s'opposer à cette liberté fondamentale.

 

Majorité, 1 contre, abstention

 

 

 

 

 

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